Très présente en bord de route ou dans les champs, l’asclépiade commune a longtemps traîné sa réputation de mauvaise herbe et été fauchée sans remords. Or, sa réhabilitation, intimement liée à la survie du papillon Monarque, témoigne de son utilité pour la biodiversité. Découvrons cette grande méconnue…
L’asclépiade, une plante vivace indigène
Au Québec, on retrouve quatre espèces indigènes d’asclépiades vivaces : l’asclépiade commune (celle de notre enfance avec de jolies fleurs rosées et odorantes en ombelles), l’asclépiade incarnate (aux fleurs roses ou blanches), l’asclépiade tubéreuse (espèce désignée menacée en milieu naturel qui porte de belles fleurs orangées ou jaunes) et l’asclépiade très grande (une espèce peu commune à l’état naturel).
Bien que l’asclépiade commune se ressème très facilement (dû à ses gousses contenant des centaines de graines judicieusement accrochées à des fils de soie qui peuvent les transporter très loin), cette espèce a été trop souvent arrachée ou éradiquée de son milieu puisque ses vertus écologiques ont mis du temps à faire leur chemin dans l’opinion publique. On retrouve aisément les espèces incarnate et tubéreuse en jardinerie ou en pépinière sous forme de plants ou de semences. Des semences d’asclépiade commune sont aussi disponibles chez certains semenciers spécialisés.
Rôle de l’asclépiade dans la survie du Monarque
C’est maintenant connu, l’asclépiade est la seule plante dont se nourrissent les chenilles de papillons monarques. Elle est donc indispensable à la survie de ce bel insecte coloré. La chenille, reconnaissable par ses rayures jaunes, blanches et noires, se nourrit exclusivement des feuilles de la plante et acquiert ainsi la toxicité contenue dans la sève ce qui la munit d’un outil de survie essentiel face à ses prédateurs. Outre ce rôle de premier plan, les asclépiades sont des plantes très nectarifères qui sont les hôtes de nombreux pollinisateurs comme les abeilles et différentes espèces de papillons.
C’est son rôle dans la survie du papillon Monarque qui a attisé l’intérêt pour cette plante longtemps négligée. Ainsi, au cours des dernières années, les ventes d’asclépiades sont montées en flèche partout en Amérique du Nord.
L’asclépiade dans vos plates-bandes
Bien que l’asclépiade commune ne soit pas recommandée pour vos plates-bandes (elle se ressème trop facilement et prendra éventuellement beaucoup d’espace), vous pouvez la laisser pousser à sa guise dans les fossés ou aux abords de votre terrain. Les espèces tubéreuses ou incarnates conviennent très bien aux plates-bandes puisqu’elles demeureront plus circonscrites. De plus, les couleurs ensoleillées et les jolies fleurs délicates de l’asclépiade tubéreuse en font une candidate de choix pour donner un punch de couleur à vos aménagements tout en fournissant un havre nutritionnel pour attirer les différents pollinisateurs.
Cultiver l’asclépiade à partir de semences
Si vous choisissez des semences, il faut attendre que le sol soit bien chaud avant de planter les graines à une profondeur d’environ 5 mm. Vous pouvez aussi partir vos semis à l’intérieur en mars et replanter vos plants dans le sol lorsque les températures extérieures seront assez élevées (au moins 20-25 degrés). Veillez à espacer les plants de 20 cm et choisissez un emplacement bien ensoleillé. Cette plante est très tolérante à la sécheresse et préfère un sol bien drainé. Et nul besoin d’enrichir votre sol, car un sol pauvre convient aussi aux asclépiades; en fait, elle les préfère!
Toxicité et utilités de la plante
À l’exception du nectar de ses fleurs, toutes les parties de l’asclépiade sont toxiques et contiennent une substance qui agit sur le cœur. Sa sève, semblable à du latex blanc, causerait également des réactions allergiques cutanées à certaines personnes. Malgré cela, la plante est consommée dans la culture amérindienne comme plante médicinale. En effet, la cuisson enlèverait la toxicité de la plante, mais mieux vaut se référer à des experts afin de ne pas se rendre malade!
Notons également que la soie contenue dans ses gousses est utilisée dans l’industrie textile comme bourrure de manteaux, douillette ou oreiller puisque ses fibres soyeuses appelées aigrettes sont un isolant léger qui repousse l’humidité.
Un jardin pour attirer les Monarques
Vous souhaitez protéger les Monarques et les accueillir chez vous? Bien sûr, vous devrez planter de l’asclépiade pour nourrir les chenilles, mais il vous faudra également fournir de la nourriture aux individus adultes avant leur départ pour leur grande migration.
Pour ce faire, plantez des arbustes ou des vivaces nectarifères qui fleurissent vers la fin de l’été comme des sauges, du sédum, des buddleias, des lantanas, des échinacées ou des rudbeckies. Assurez-vous de choisir un endroit non loin de vos asclépiades, bien ensoleillé, à l’abri des vents et assez vaste pour attirer vos amis ailés. Enfin, évitez bien entendu tout insecticide chimique pour traiter vos plantes.
Voilà, vous êtes fins prêts à accueillir l’asclépiade et les Monarques à la maison!