Lucie Hérard, fondatrice de Montréal Tropical, cultive des plantes exotiques depuis une quinzaine d’années. Elle vous offre ses meilleurs conseils pour aménager un jardin tropical digne de ceux que l’on retrouve dans les Caraïbes, chez vous.
Peut-on faire pousser des plantes tropicales au Québec?
La réponse est oui! « C’est un mythe de penser que la culture des plantes tropicales est difficile au Québec, affirme Lucie Hérard. Certaines ne sont pas si fragiles que ça. » N’est-ce pas l’argument clé pour enfin aménager un jardin tropical chez vous ? Avec les quelques précieuses suggestions pour maximiser les chances de réussir votre projet qui vous sont présentées ici, la réponse est « oui » !
Quelles plantes choisir pour un jardin tropical au Québec ?
Les plantes listées ci-après sont des valeurs sûres pour aménager votre jardin tropical.
Alocasia et Colocasia
L’alocasia (Alocasia macrorrhiza) et le colocasia (Colocasia gigantea ‘Giant Thaïland’) sont idéaux pour votre jardin tropical québécois. Ces deux plantes tropicales sont si similaires que leur nom commun est « oreilles d’éléphant ». Elles sont toutes deux faciles à cultiver et sont offertes en plusieurs variétés, des petites aux géantes.
Comment entretenir l’alocasia et le colocasia en climat froid ?
Leurs conditions d’exposition sont différentes. Quand l’été tire à sa fin, l’alocasia peut être taillé légèrement, déterré puis empoté pour passer les mois froids au salon comme plante d’intérieur. Si vous cultivez votre alocasia en pot à l’extérieur, il vous suffira de rentrer le pot tout simplement à la fin de l’été.
Le colocasia ‘Giant Thaïland’ passera plutôt l’hiver en dormance. À l’automne avant le gel, il faudra couper ses feuilles de manière à conserver de 15 à 20 cm de tige ainsi que le bulbe. Faites sécher le bulbe de votre colocasia pendant un minimum de 48 heures, enlevez les racines et emballez les gros bulbes dans du papier journal avant de les conserver au sec, hors gel. Les plus petites variétés de colocasias sont difficiles à conserver, car elles ont tendance à se déshydrater ou à moisir. Vous pouvez tenter de garder ces dernières en pot en arrosant modérément.
Canna
Si vous voulez faire pousser des fleurs tropicales sublimes et colorées dans votre jardin, le canna (Canna x generalis), ou balisier, est la plante qu’il vous faut car sa floraison s’étend de juin à septembre.
Pour faire pousser des cannas dans votre jardin tropical, commencez par planter les rhizomes à l’intérieur, au printemps, environ quatre à six semaines avant le dernier gel. Acclimatez graduellement vos plants à l’extérieur avant de les exposer en plein soleil. À l’automne, il suffit d’entreposer les bulbes de vos cannas au sec.
Palmier majesté
Les palmiers majesté (Ravenea rivularis) sont des plantes tropicales très populaires. Et comment ! Leur feuillage est probablement celui qui évoque le plus la végétation du Sud. Cultivez-les en pot, mais prenez soin de les rempoter après l’achat pour stimuler leur croissance.
Prenez note que le palmier majesté est vendu comme une espèce « annuelle », mais il n’en est pas une. Le fait est que leur culture à l’intérieur étant difficile, les gens préfèrent les laisser mourir… pour en acheter de nouveaux le printemps suivant.
Ricin
Pour votre jardin tropical québécois, essayez également le ricin (Ricinus communis et Ricinus communis var. ‘Zanzibarensis’). C’est une plante annuelle au feuillage coloré – du vert au rouge vin – spectaculaire. Bien qu’on en trouve de différentes tailles, c’est souvent la variété ‘Zanzibarensis’ qui vole la vedette. En effet, elle peut grimper à plus de 3 m de hauteur ! Autre avantage à avoir ces plantes tropicales dans votre jardin : les ricins (attachés à un tuteur) assureront votre intimité s’ils sont plantés à la limite du terrain ou le long d’une terrasse et exposés au plein soleil.
Ricin : toxique ou pas?
Prenez garde car les graines contenues dans les fruits du ricin sont toxiques. Si vous avez des animaux domestiques ou des enfants en bas âge, coupez les fruits.
Le bananier
La meilleure plante pour votre jardin tropical (ou votre terrasse tropicale) est sans nul doute le bananier. Trois types de bananiers peuvent être cultivés au Québec : le bananier vivace (Musa basjoo), le bananier décoratif (Ensete ventricosum ‘Maurelii’ et Musa ‘Rojo’) et le bananier comestible (différentes variétés). Leur culture et leurs besoins diffèrent, mais leur effet est similaire : wow !
« Le bananier vivace (Musa basjoo) fait partie des éléments de base que je suggère à mes clients. Dans les bonnes conditions, cette plante est résiliente; on lui coupe la tête et elle repousse. Après quatre ou cinq ans, elle peut atteindre jusqu’à 3,5 m de hauteur », explique Mme Hérard.
Comment entretenir un bananier au Québec?
En dépit de sa résilience, il faut tout de même respecter quelques secrets de culture pour bien s’occuper d’un bananier vivace au Québec :
- Cultivez le bananier en pot lors du premier été. Rentrez-le à l’intérieur à l’automne. Ce n’est qu’au deuxième été que vous pourrez le mettre en pleine terre et l’hiverner à l’extérieur si vous êtes en zone de rusticité 4b à 6;
- Acclimatez graduellement le bananier au moins 7 jours avant de le mettre en terre. Attendez que la température ressentie la nuit soit de 10 à 12 ˚C sur une période de 7 jours avant de le sortir. N’hésitez pas à le couvrir si le froid se manifeste;
- Plantez-le à 50 cm d’un mur de fondation orienté sud-ouest;
- Préparez un terreau adéquat pour la plantation (terre à jardin + perlite + mousse de tourbe + compost de crevettes);
- Arrosez abondamment et fertiliser aux 15 jours;
- Rabattez les pseudo-troncs à 20 ou 23 cm quand la température ressentie est de 5 à 7 ˚C à l’automne, puis recouvrez le tout de paille (30 cm) quand le sol n’est pas détrempé, puis d’une bâche en plastique, retenue avec des pierres ou des briques.
- Plusieurs personnes cuisinent les feuilles de bananier vivace (Musa basjoo) qui servent aussi parfois à présenter les plats. Quand vous ferez la coupe de vos feuilles, imitez Mme Hérard et pensez à en donner !
Merci à Lucie Hérard de Montréal Tropical pour sa précieuse collaboration.
Par : Carolyne Ann Boileau