Dans plus de 150 pays où elle est cultivée, on entonne: « c’est si bon les patates ! ». Bonne nouvelle: il est tout à fait possible de cultiver des patates chez soi et de profiter de récoltes savoureuses, même avec peu d’espace!
Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce légume versatile avant de planter vos premières pommes de terre.
Pourquoi la pomme de terre est un choix intéressant pour votre potager
Enracinée mondialement, la pomme de terre (Solanum tuberosum) a envahi presque tous les habitats climatiques jusqu’en Alaska, malgré l’acidité des sols par endroits. Elle tolère quelques heures d’ombre partielle, surtout en après‑midi, et résistera à vos rongeurs. Elle est aussi extrêmement productive, puisqu’un kilo de tubercules planté se multipliera par dix. Énergétique, minéralisante, pleine de bienfaits santé, la pomme de terre est bien assise sur son pouvoir nutritionnel, à la reconquête des milieux résidentiels!
Variétés recommandées en cuisine
Le choix de la variété de pomme de terre à planter sera déterminant dans l’atteinte de vos objectifs culinaires. Trouvez la bonne patate pour le chef que vous êtes. En voici quelques-unes, de la plus hâtive à la plus tardive!
Norland
Quand on cherche une valeur sûre là où les saisons sont plus courtes, elle réussit même en sol moins favorable. La patate nouvelle arrive vite! La chair blanche contraste avec l’extérieur rouge. Même dans le Grand Nord, vous pouvez compter sur une récolte délicieuse, généreuse, une année après l’autre. Ne suffit que d’irriguer en cas de sécheresse.
Amarosa
Sa couleur, rouge vin jusqu’au cœur, apporte une bonne dose d’antioxydants. Petite patate ratte, véritable passe-partout avec son tempérament velouté, elle vous fera craquer en chips rosées saupoudrées de sel. Les rendements sont extraordinaires.
Huckleberry Gold
Grâce à son pigment naturel, le même que le bleuet, elle a une teinte attirante qui cache bien son trésor. Cette variété récente de faible indice glycémique se conserve longtemps et fait le bonheur des plus gourmands!
Purple Viking
Recouverte de « nébuleuses roses extraplanétaires », cette patate affronte les sécheresses, résiste à une météo caractérielle et prolifère en énormes tubercules.
German Butterball
Pépite d’or ovale ancestrale, elle ensoleille l’assiette avec un goût sans compromis qui fait consensus. Se conserve tout l’hiver sans tracas. Elle tient également tête au mildiou!
Russe bleue
Pour conserver un maximum de sa teinte, faites-la cuire dans une eau vinaigrée. Sa saveur laisse place aux aromates. Frite légère, elle absorbe moins d’huile. Elle fait tout, même une éclatante purée mauve. Élégante, elle se distingue avec une pigmentation bleue sur les jeunes feuilles et dans les fleurs. Du patrimoine russe, elle est si énergique qu’on tend à lui donner plus d’espace. Une des mieux adaptées aux sols secs!
La patate en chapelet
Vivace, cette grimpante aux fleurs pourpres séduisantes s’aventure à la verticale comme à l’horizontale. Attention à l’envahissement!* Elle pousse dans des sols pauvres et rencontre rarement des ravageurs. Vous devez l’empêcher de s’étendre sur ses voisines, c’est tout ce que vous aurez à faire! Ainsi vous soulèverez, en suivant aisément les rhizomes juste sous la surface du sol, des tubercules en chapelet trois fois plus protéinés que la pomme de terre, comestibles et disponibles du dégel au regel. Il faut les cuire. Leur texture s’apparente à la patate traditionnelle, et leur goût délicat vous épatera!
*En pot, on règle le problème d’envahissement, et on laisse baigner dans un bac avec paresse, puisque la plante colonise aussi les terres marécageuses.
Comment cultiver la pomme de terre: mode d’emploi
Après quelques essais et relativement peu d’erreurs, vous obtiendrez la patate adéquate, à replanter d’année en année!
Entretien de vos cultures
Un sol plutôt sableux allégera le travail que vous devrez faire lors des récoltes. Mais si vous avez un sol plus argileux, prévoyez un détour final par la brosse à légumes.
Enterrez des pommes de terre de semences à une profondeur d’à peu près 10 cm, avec un espacement d’au moins 30 cm. Vous pouvez aussi utiliser des morceaux de pommes de terre bio que vous couperez en gardant deux ou trois yeux, au cas où un des deux ne bourgeonnerait pas comme prévu. Faites bien sécher les plaies avant de les planter pour qu’ils ne pourrissent pas.
N’arrosez pas avant l’apparition du feuillage.
Paillez pour réduire les arrosages et le désherbage.
Buttage (renchaussage) avec paillage
Dès que les plants atteignent 30 cm, recouvrez leur base avec 15 cm de matière organique saine: paille, foin, feuilles ou copeaux de bois. Cette opération, que vous pourrez répéter deux ou trois fois, augmentera la production de pommes de terre. La tige des solanacées a la capacité de créer de nouvelles racines, au bout desquelles se développent les tubercules.
Ça permettra aussi de mettre un peu d’ordre au potager en maintenant les tiges alignées tout en protégeant les tubercules de la lumière, qui les ferait verdir et les rendrait toxiques. Quelque temps après le début de la floraison, on peut commencer à récolter.
En champ, on ramène habituellement la terre des entre-rangs vers les plants à l’aide d’un butoir, ce qui peut se faire avec une binette. Mais sur une petite surface, l’avantage est au paillage. N’ayant plus besoin de relever la terre autour des plants, on peut faire meilleur usage de la surface disponible pour des associations bénéfiques.
Cultures à associer à la pomme de terre
Compagnons et rotations font bon ménage. Le souci (Calendula officinalis), les alliacées (poireau, ail) et les légumineuses sont des alliés de longue date de la patate. Les œillets d’Inde (Tagetes patula) assurent quant à eux un contrôle biologique des nématodes, vers microscopiques, mais bien nuisibles.
À chacun de vos passages, penchez-vous pour déceler de possibles doryphores, dont on aura à l’œil aussi les groupements d’œufs orange. Il est impératif d’intervenir. Un aspirateur à main peut se transformer en arme propre et efficace.
En effet, depuis le 19e siècle, la pomme de terre est traquée par ses deux mêmes bêtes noires: le mildiou et le doryphore, coléoptère glouton peu mobile. Afin d’éviter ces menaces, dès que la saison le permet, préparez une nouvelle terre d’accueil meuble et profonde pour la rotation des cultures. Si l’espace permet mal d’orchestrer des rotations, ça compromet l’efficacité de la stratégie, tout comme l’étape du buttage.
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Cultiver la patate en pot
La culture en pot profond apparaît comme une triple solution. En renouvelant le terreau des contenants, à recycler par ailleurs, les prédateurs se réveillent bredouilles au redoux. Quant au buttage, en positionnant les tubercules dans le premier tiers, il est facile d’ajouter un peu de terreau à mesure que s’élève le plant. Votre succès dépendra de votre discipline d’arrosage, sinon d’une certaine ingéniosité. Et en prime, pas d’argile qui colle!
Quand et comment récolter vos patates
Pour une esthétique passe-partout, visez la cueillette de patates nouvelles, primeurs, qui se forment après moins de deux mois. Ça vous permettra d’en apprécier la beauté des fleurs jusqu’à ce que le plant flétrisse quelques semaines plus tard. Vous prélèverez alors des pommes de terre de mi-saison. Si cependant vous poussez l’aventure jusqu’à la conservation, il faudra tolérer les feuilles jaunissantes ou rabattre les tiges et attendre deux semaines que la peau s’affermisse avant la récolte.
Ramassez-les par temps sec, sans abîmer les peaux.
Laissez-les sécher au soleil une journée, sinon dans un endroit bien ventilé, avant de les entreposer dans des sacs de jute ou de papier, à l’obscurité, autour de 5 °C. À défaut d’un caveau, un garage pourrait fournir l’atmosphère qui convient.