Qu’est-ce qu’une forêt nourricière ?
C’est une forme de jardin qui s’inspire de la forêt naturelle, où les végétaux interagissent entre eux, en se rendant mutuellement service. Composé d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées, ce type de forêt a généralement besoin, à maturité, de peu d’entretien et de peu d’arrosage. Et les récoltes sont abondantes. C’est, en quelques mots, un jardin comestible sous la forme d’un véritable écosystème dynamique.
Ce modèle écologique peut contenir entre une douzaine et plus d’une centaine d’espèces comestibles, voire parfois un millier d’espèces différentes, selon la dimension du terrain où la forêt nourricière se déploie !
Pensez aux différentes strates de forêt nourricière
Dans une forêt nourricière simplifiée pour les petits espaces (comme pour les plus grands également), vous devrez considérer la disponibilité de la lumière. C’est le principal défi pour avoir des récoltes abondantes. Vous chercherez donc à optimiser les différentes zones pour maximiser l’exposition des végétaux au soleil.
Le design derrière toute forêt nourricière ? Principalement, il se crée en trois strates distinctes, pour lesquelles vous disposerez différents arbres, arbustes, plants de légumes et couvre-sols.
Première strate : c’est l’étage supérieur ou la strate arborescente.
- Pommiers
- Poiriers
- Pruniers
- Arbres à noix
Seconde strate : c’est l’étage intermédiaire ou la strate arbustive.
- Noisetiers
- Framboisiers et mûriers
- Argousiers
- Amélanchiers
- Bleuetiers
Troisième strate : c’est l’étage inférieur ou la strate herbacée.
- Plantes indigènes vivaces comestibles
- Arroches
- Bettes à carde
- Oseille
- Menthe
- Choux frisés et autres crucifères
- Violettes
À cette base, vous pouvez également ajouter d’autres strates, comme des couvre-sols, des plantes grimpantes et des champignons.
Comme créez votre propre forêt nourricière
Il n’y a pas qu’une forêt nourricière possible. Chaque jardin est donc unique. Si vous vous lancez dans l’aventure, vous devrez tout de même choisir des plantes qui ont plusieurs fonctions (plusieurs niches écologiques).
Des plantes fixatrices d’azote : certains végétaux ont la capacité de fixer l’azote de l’air dans le sol, le rendant ainsi disponible pour les autres plantes. C’est le cas de l’argousier et du haricot notamment.
Des plantes améliorant la structure du sol : elles augmentent la teneur en matière organique du sol grâce à la litière de feuilles mortes qu’elles produisent. C’est le cas des arbres feuillus. Des accumulateurs dynamiques de nutriments : ces végétaux améliorent les sols en puisant les minéraux du sous-sol avec leurs racines profondes et en les remontant vers la surface.
Des plantes mellifères : ces végétaux produisent une bonne quantité de nectar et de pollen; ils deviennent ainsi une belle terre d’accueil pour les butineurs et autres insectes pollinisateurs.
Conseil pour un jardin-forêt productif
Une fois l’emplacement choisi (le biotope), vous pouvez commencer par la plantation des arbres au nord en laissant suffisamment d’espace, afin que les plantes plus basses profitent du soleil au sud. L’objectif est de permettre la culture des fruits et des légumes variés, sans qu’aucune strate bloque le soleil aux autres végétaux. N’oubliez pas que chaque plante peut assumer plusieurs rôles dans le fonctionnement de l’écosystème, ce que l’on nomme les niches écologiques. Le défi consiste à établir et maintenir dans le temps des relations mutuellement bénéfiques entre les végétaux, permettant ainsi une récolte abondante tout au long de l’été.
Une foule de bienfaits
- Les forêts nourricières sont bénéfiques pour l’environnement, car elles permettent de séquestrer les gaz à effet de serre dans la biomasse du sol.
- Elles sont d’excellents lieux de stockage de l’eau, évitant ainsi les inondations et l’érosion du sol.
- En raison de leur structure complexe en trois dimensions, elles procurent une multitude d’habitats pour de nombreuses espèces d’insectes et d’animaux utiles, comme les pollinisateurs que sont les abeilles indigènes et les bourdons.
- La forêt nourricière à la maison apporte aussi une dimension spirituelle au jardinage, permettant d’apprivoiser cette sensibilité au monde du vivant en connectant l’être humain à la nature, davantage qu’à la technologie.
Par : Jean-François Lévêque